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9 avril 2013

Accoutumée à ne voir que la lueur des bougies ...

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Nous ne craignions pas les regards scrutateurs car nous n'éprouvions aucun remords de conscience. L'Esprit purifié par le feu et lavé par les larmes s'élève au-dessus de ce que le monde appelle faute et honte. Il se libère de l'esclavage des principes et des lois établis par les coutumes contre les affections du cœur humain. Il dresse sa tête fièrement devant les trônes de Dieu. La société humaine, depuis soixante-dix siècles s'est livrée à des lois corrompues jusqu'à ne plus comprendre le sens des lois supérieures et éternelles. L'intelligence humaine, accoutumée à ne voir que la lueur des bougies, ne peut fixer la lumière du soleil et les générations ont hérité les unes des autres les maladies et les tares morales, au point de les rendre acceptables et coutumières. Les gens ne les considèrent pas comme des infirmités mais comme des qualités inhérentes à la nature d'homme donnée par Dieu à Adam. Si un être apparait indemne de ces tares il est considéré comme incomplet et dépourvu de perfection spirituelle.
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Gibran Khalil Gibran

Les ailes brisées, (chapitre Entre le Christ et Astarté), NEL, Beyrouth 1972