Il s'est, hélas, produit pour l'histoire enseignée à nos enfants ce qui s'est produit pour les mathématiques ou pour la grammaire...
Pourquoi enseigner avec des ficelles et des boutons de culotte ce qu'est un ensemble à des gosses de dix ans qui, du coup, ne maîtriseront jamais le calcul ordinaire et ne seront que quelques uns à aborder, beaucoup plus tard, les hautes mathématiques?
La linguistique a bouleversé la grammaire comme le groin du sanglier un champ de pomme de terre. Elle l'a habillée d'un langage pédant, compliqué, incompréhensible et, qui plus est, parfaitement inapproprié. Résultat : on n'a jamais autant négligé grammaire et orthographe !
Mais ce n'est ni la linguistique, ni la haute mathématique, ni l'histoire de pointe qui sont responsables de ces incongruités. Elles font ce qu'elles ont à faire. Sans ce préoccuper de ce qui est, ou n'est pas, enseignable, à tel ou tel âge.
Le responsable, en l'occurrence, c'est l'ambition intellectuelle des programmeurs. Il veulent aller trop loin. Je me réjouis qu'ils soient ambitieux pour eux-mêmes. Mais qu'ils s'efforcent d'être simples pour ceux dont ils ont la charge, même et surtout quand c'est difficile.
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Fernand Braudel
En guise de préface dans Grammaire des civilisations, 1993
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